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Comment filtrer l'eau de pluie en permaculture ?

Et si on utilisait l’eau qui tombe du ciel pour notre jardin ? Après tout, récupérer l’eau de pluie, c’est une solution simple, gratuite et écologique ! 

 

Seul problème : entre débris, polluants et bactéries, mieux vaut la filtrer avant de l’utiliser. Alors on te donne 3 solutions efficaces et faciles à mettre en place pour récupérer et filtrer l’eau de pluie et arroser ton jardin !

Table des matières

L'eau de pluie : une ressource inestimable

On le sait, l’eau de pluie est une ressource naturelle précieuse : elle est gratuite et abondante dans de nombreuses régions. Pourtant, on l’oublie souvent et on continue d’ouvrir le robinet pour arroser le jardin ou laver la voiture.

 

En permaculture, l’eau est un élément clé à préserver et valoriser. Récupérer et filtrer l’eau de pluie, c’est non seulement réduire sa consommation d’eau potable, mais aussi rendre son jardin plus résilient et autonome

 

Mieux encore, l’eau de pluie reste disponible en période de sécheresse, quand les restrictions s’imposent.

3 techniques pour récupérer et filtrer l'eau de pluie

Récupérer l’eau de pluie, c’est assez facile, mais pour l’utiliser proprement, il faut aussi un bon système de filtration. Sans cela, l’eau peut contenir des impuretés, être trop acide, etc.

Voici trois solutions efficaces et accessibles.

Technique 1
Installer des gouttières, récupérateurs et filtres naturels

coût : €€€

La façon la plus simple et efficace de récupérer l’eau de pluie, c’est de l’intercepter directement depuis ton toit. En installant des gouttières reliées à un récupérateur, tu peux stocker une grande quantité d’eau. Ajoute ensuite un système de filtration naturel à base de sable et de charbon pour éliminer les impuretés et obtenir une eau plus propre à l’usage.

Étape 1 : Installe ou vérifie tes gouttières

Tout commence sur ton toit ! Pour bien récupérer l’eau de pluie, assure-toi que tes gouttières sont propres et bien installées :

  • Nettoie tes gouttières pour éviter qu’elles ne se bouchent.
  • Installe un grillage fin pour bloquer feuilles et débris.
  • Oriente tes descentes de gouttière vers ta cuve de stockage.

 

💰 Coût estimé : Si tu dois installer de nouvelles gouttières, compte entre 5 et 15 €/m selon le matériau, le plus cher étant le zinc ou le cuivre, bien évidemment. 

gouttières en PVC le long d'une maison

Étape 2 : Choisis et installe un récupérateur d’eau

Une fois l’eau dirigée, il faut la stocker. Plusieurs options s’offrent à toi selon l’espace dont tu disposes et la quantité d’eau que tu souhaites stocker :

  • Un récupérateur classique en plastique (200 à 1 000 L) : à partir de 50 € pour un modèle basique.
  • Une cuve enterrée si tu veux stocker de grandes quantités : environ 1 000 à 2 000 € pour une capacité de 5 000 litres.
  • Des conteneurs IBC (grandes cuves de 1 000 L en plastique avec armature métallique) : autour de 80 à 150 € d’occasion.

Étape 3 : Installe un filtre naturel en cuve

Si ton but est d’obtenir une eau plus propre et sans impuretés, alors il te faut un système de filtration. Tu peux facilement fabriquer un filtre naturel à grande échelle en utilisant une seconde cuve remplie de plusieurs couches de filtration.

Tu vas avoir besoin de :

  • Une grande cuve en plastique (100 à 200 litres) : entre 50 et 100 €.
  • Un robinet ou un tuyau de sortie en bas de la cuve pour récupérer l’eau filtrée : entre 5 et 15 €.
  • Trois types de matériaux filtrants : des cailloux, du sable et du charbon actif : 40 à 80 €.
 

Comment fabriquer un filtre à eau naturel ?

  1. Perce la sortie d’eau :
    • Installe un robinet ou un raccord en bas de ta cuve pour récupérer l’eau filtrée.
    • Ajoute un petit grillage fin à l’intérieur pour éviter que le matériau filtrant ne bouche l’évacuation.
  2. Superpose les couches de filtration (chronologiquement du début à la fin du circuit) : 
    • Première couche : gros cailloux (10-15 cm d’épaisseur) → Ils retiennent les plus grosses particules.
    • Deuxième couche : sable fin (15-20 cm) → Il piège les particules plus fines et certaines bactéries.
    • Troisième couche : charbon actif (10 cm) → Il purifie l’eau en absorbant les impuretés, les pesticides et les mauvaises odeurs.
  3. Fais un test : Verse de l’eau sale sur le dessus et vérifie qu’elle ressort propre en bas. Si nécessaire, ajuste l’épaisseur des couches. 

 

👉 Bon à savoir :

  • Change le charbon actif tous les 6 mois pour garder une bonne filtration.
  • Rince le sable de temps en temps pour éviter qu’il ne se colmate.
  • Ce filtre ne rend pas l’eau potable à 100 %, mais il l’améliore considérablement pour un usage domestique (évier, arrosage, etc.)

 

💰 Pour installer un système complet de récupération et filtration d’eau de pluie, le coût total est estimé entre 250 et 650 €, selon la taille et les matériaux choisis. Il permet d’obtenir une eau plus propre, idéale pour l’arrosage ou d’autres usages non potables.

eau de pluie qui ruisselle d'une toiture

Comment calculer ta capacité à récupérer l’eau de pluie sur ton toit ?

L’eau de pluie récupérable se calcule selon cette formule magique :

 

Volume récupérable = surface du toit (m²) x pluviométrie annuelle moyenne (mm) x coefficient de récupération 

 

👉 Définition des termes :

  • Surface du toit en m² : La surface projetée au sol, c’est-à-dire la longueur x la largeur du toit.
  • Pluviométrie annuelle en mm : La quantité moyenne de pluie qui tombe chaque année dans ta région (à vérifier sur les sites météo locaux ou directement sur Météo France).
  • Coefficient de récupération : Il tient compte des pertes dues à l’évaporation et aux fuites. Il est généralement de 0,8 pour un toit en tuiles, et peut descendre à 0,6 pour un toit plat avec gravier. Si tu préfères, tu peux utiliser la moyenne de 0,75 au lieu de chercher un coefficient précis.

 

👉 Imaginons que :
– Ton toit fait 50 m² (surface projetée).
– Tu habites dans une région où il tombe 800 mm de pluie par an.
– Tu as un toit classique en tuiles, donc un coefficient de récupération de 0,8.

 

👉 Calcul : 50×800×0,8=32000 L par an soit 32 m³ d’eau potentiellement récupérable chaque année !

Technique 2 : Étang ou mare multifonctionnel

coût : €€

plante aquatique à la surface d'une mare en permaculture

Ça, c’est comme qui dirait le chouchou de la Permaculture.
Si tu as un peu de place dans ton jardin, pourquoi ne pas plutôt transformer l’eau de pluie en un véritable écosystème vivant ?


Creuser une mare ou un petit bassin est une solution naturelle et multifonctionnelle en permaculture. En plus de stocker l’eau, elle favorise la biodiversité, créé un microclimat et permet une filtration naturelle grâce aux plantes aquatiques, la phytoépuration.

 

Une mare en permaculture ne sert pas seulement à stocker l’eau, elle permet aussi de :

  • Réguler l’eau naturellement : En période de pluie, elle stocke l’excédent et en période sèche, elle relâche progressivement l’humidité dans le sol.

     

  • Favoriser la biodiversité : Elle attire des grenouilles, des libellules, des oiseaux, et plein d’auxiliaires utiles pour lutter contre les nuisibles au jardin. Un véritable réservoir aux alliés de ton jardin.

     

  • Améliorer le microclimat : L’eau s’évapore doucement et humidifie l’air environnant, créant un climat plus frais pour les plantes.

     

  • Filtrer l’eau naturellement : En intégrant des plantes aquatiques, la mare devient un filtre biologique qui purifie l’eau grâce à la phytoépuration.

  • Profiter d’un coin d’eau esthétique et ressourçant : Une mare donne un charme incroyable à un jardin et crée un espace apaisant.
canard et poules dans une basse cours

La micromare et la nanomare : adapter la taille à ton espace

Pas besoin d’un grand étang pour profiter de ces bénéfices ! Même une petite mare peut suffire à récupérer l’eau de pluie et à la rendre utile :

  • La micromare : Entre 2 et 5 m², elle peut être installée dans un coin du jardin, reliée aux baissières ou à un toit récupérant l’eau de pluie.

     

  • La nanomare : Moins de 2  m², elle peut être faite avec une simple bassine enterrée ou un ancien tonneau.

 

Comment créer une mare ?

  1. Choisis l’emplacement :  Installe-la dans une zone basse où l’eau s’accumule naturellement. Oriente-la partiellement au soleil pour les plantes aquatiques, avec une zone ombragée pour limiter l’évaporation.

  2. Creuse et étanchéifie
  • Petite mare (nanomare/micromare) : Un simple trou de 50 cm à 1 m de profondeur suffit.
  • Grande mare : Prévois 1 ou 2 m et plus de profondeur pour éviter qu’elle ne s’assèche trop vite en été.

 

3. Choisis le type d’étanchéité :

  • Bâche EPDM (souple, durable, facile à installer) – coût : 5 à 10 €/m²
  • Couche d’argile naturelle (plus écologique mais plus difficile à installer) – coût variable selon la région (si ton sol est naturellement argileux, il peut même être autobloquant et ne nécessiter qu’un léger tassement !)

 

💡 Tips de permaculteur : Si tu vis proche d’un élevage porcin, demande à l’éleveur d’amener les cochons sur ton terrain. Avec un peu d’eau au fond, les cochons se feront un réel plaisir de se rouler dans le trou que tu as creusé et de tasser la terre durablement.

 

4. Ajoute des plantes filtrantes (phytoépuration)

  • Le roseau et la massette : Filtrent les nitrates et métaux lourds.
  • Le jonc : Absorbe l’excès de nutriments et stabilise les berges.
  • Le myriophylle et la renoncule d’eau : Oxygènent l’eau et limitent la prolifération d’algues.
  • Associe plusieurs types de plantes pour un filtre complet et un équilibre optimal.
  • Crée des pentes douces :
  • Des paliers pour l’accès aux animaux (oiseaux, hérissons, insectes).
  • Des rochers et troncs flottants comme refuges pour la faune aquatique.

 

5. Laisse la nature faire son travail : Après quelques semaines, l’équilibre naturel s’installera. Les micro-organismes purifieront l’eau, les plantes s’épanouiront et les premiers visiteurs (grenouilles, libellules) arriveront.

 

6. Relie la mare à la récupération d’eau de pluie : Une fois la mare stabilisée, on peut l’intégrer au système de récupération d’eau pour éviter de perturber son équilibre naturel dès le départ.

  • Depuis une cuve : Un trop-plein peut rediriger l’eau excédentaire vers la mare.
  • Avec des baissières : Creuse un petit canal ou un swale pour guider l’eau directement vers la mare.
  • Sous une gouttière : Si bien orientée, une mare peut capter directement l’eau de pluie.
  • N’oublie pas le petit trop plein pour que la mare puisse se vider pendant les périodes de grandes pluies.

 

💰 Avec un coût entre 60 et 700 € selon la taille, la mare est une alternative économique et écologique au simple stockage en cuve. En plus, elle alimente la biodiversité, améliore ton jardin et fonctionne sans pompe ni électricité !

La phytoépuration : un filtre naturel pour une eau plus propre

La phytoépuration est un procédé naturel de filtration de l’eau grâce aux plantes aquatiques. Leurs racines captent et décomposent les impuretés présentes dans l’eau, comme les nitrates, phosphates et métaux lourds. En plus de filtrer mécaniquement les particules fines, elles oxygènent l’eau et favorisent l’action des micro-organismes bénéfiques qui dégradent les polluants organiques.

Techniques 3 : Les brassières ou “swales” 

coût : € 

illustration de swale en permaculture

Les baissières, ou “swales” chez les anglophones, sont des fossés peu profonds creusés en courbe de niveau pour ralentir, infiltrer et filtrer l’eau de pluie.

 

En permaculture, elles permettent de capter l’eau et de la redistribuer lentement dans le sol tout en évitant l’érosion.

 

Contrairement à un simple fossé d’évacuation, une baissière ne draine pas l’eau mais la stocke temporairement pour qu’elle puisse s’infiltrer progressivement dans le sol. Cela permet de nourrir les plantes et les arbres environnants tout en évitant le ruissellement et la perte d’eau.

 

En anglais, le mojo pour l’eau en permaculture est :

 

« slow it down, spread it and sink it ! »


Autrement dit, sur un terrain en pente, l’eau doit être ralentit, puis répartie avant d’être dirigée dans le sol. 

Les swales peuvent être utilisés seuls ou combinés avec des plantes filtrantes et des filtres naturels (rochers, sable) pour améliorer la qualité de l’eau récupérée.

 

Comment créer une brassière efficace ?

 

1. Détermine l’emplacement

  • Observe ton terrain après une pluie : repère où l’eau ruisselle et s’accumule.
  • Choisis une zone où l’eau peut être captée et infiltrée naturellement, en évitant les sols trop compactés ou imperméables.

 

2. Trace en courbe de niveau

  • Utilise un niveau à eau ou un A-frame (cadre en A avec un fil à plomb) pour marquer une ligne en courbe de niveau.
  • Cette étape est cruciale pour s’assurer que l’eau s’accumule et s’infiltre uniformément, sans s’écouler trop rapidement.

 

3. Creuse un fossé peu profond

  • Creuse une tranchée de 30 à 50 cm de profondeur et 50 cm à 1 m de large.
  • Laisse un petit talus (la butte) du côté aval du fossé, avec la terre excavée. Ce talus permet de ralentir encore plus l’eau et de retenir l’humidité.

 

4. Aménage le fond de la baissière

  • Ajoute des matériaux naturels pour améliorer la rétention d’eau et la filtration :
    • Bois mort : Favorise la rétention d’eau et nourrit le sol en se décomposant.
    • Pierres et graviers : Filtrent l’eau et limitent l’érosion.
    • Paillage (feuilles, paille, broyat de bois) : Protège le sol de l’évaporation et enrichit la terre.

 

5. Plante des végétaux adaptés

  • Les plantes jouent un rôle essentiel dans l’efficacité de la baissière. Opte pour des espèces qui aiment l’humidité :
    • Graminées (fétuques, miscanthus) : Stabilisent le sol et absorbent l’eau.
    • Plantes couvre-sol (trèfle, consoude) : Limitent l’érosion et enrichissent le sol.
    • Arbres fruitiers (pommier, poirier, pêcher) : Profitent de l’humidité stockée et créent un microclimat favorable.
    • Bambous ou arbustes résistants : Peuvent renforcer la structure de la baissière.

 

💰 Budget estimé pour l’installation de bassières

L’installation d’une baissière est peu coûteuse si tu utilises des matériaux récupérés :

  • Matériel nécessaire : Pelle, pioche, piquets (20 à 50 € selon les outils).
  • Matériaux : Bois mort, pierres, paillis (souvent récupérables gratuitement).
  • Temps de réalisation : Quelques heures à plusieurs jours, selon la taille et la complexité du projet.

 

👉 Pour maximiser l’efficacité de ton système, installe plusieurs baissières en série le long d’une pente afin de mieux répartir l’eau sur l’ensemble du terrain.

schema explicatif des swales

Un jardin moins dépendant de l'eau, c'est possible ?

formation particulier

Démarrer son Potager en Permaculture

Johann Gis

maraîchage | permaculture | autonomie alimentaire

Les principes de la Permaculture s’appliquent également à la science du potager et du maraîchage. Elle rassemble des techniques de gestion de l’eau et autres ressources naturelles efficaces pour aller vers plus d’autonomie. 

D’ailleurs, il y a même un module appelé « Vers l’autonomie alimentaire » dans le formation de Johann Gis sur le potager permacole.

👈 

Pourquoi filtrer l'eau de pluie ?

L’eau de pluie est une ressource précieuse, mais, comme on l’a vu, elle n’est pas toujours propre en arrivant dans ta cuve. En tombant, elle capte des débris (feuilles, insectes, poussières) qui peuvent boucher les tuyaux et favoriser la prolifération de bactéries ou d’algues.

Elle transporte aussi des polluants atmosphériques (métaux lourds, particules fines) issus des gaz d’échappement et de l’industrie, surtout en zone urbaine.

 

Pour une eau plus propre et sans risque, il est essentiel d’installer des filtres naturels (rochers, sable, charbon actif) ou d’utiliser des plantes filtrantes comme les roseaux.

 

Une bonne filtration permet d’avoir une eau plus saine pour le jardin, l’arrosage ou d’autres usages domestiques.

Mais que ce soit avec un système de filtration en cuve, une mare de permaculture ou des brassières bien conçues, tu peux obtenir de l’eau de pluie suffisamment propre pour réduire ta consommation d’eau potable, tout en rendant ton jardin plus autonome et résilient

 

Alors, quelle méthode vas-tu adopter en premier ?

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